Genç araştırmacı Türk dostu Pierre Bastin'nin kaleme aldığı Türklerle ilgili Fransızca makkalesini fransızca bilen okurlarımızla paylaşıyoruz. Chères lectrices, chers lecteurs, Câest
Genç araştırmacı Türk dostu Pierre Bastin'nin kaleme aldığı Türklerle ilgili Fransızca makkalesini fransızca bilen okurlarımızla paylaşıyoruz. Chères lectrices, chers lecteurs, Câest sur la demande de mon ami Celil Gündoğdu que je prends la plume pour vous faire part de mes impressions sur la communauté turque de Belgique. En effet, depuis de nombreuses années, je travaille et je vis au sein de cette communauté turque de Belgique. Jâai de plus séjourné de nombreuses fois en Turquie et même dans les républiques turcophones dâAsie Centrale. Ayant appris le turc, je suis avec attention les développements de la politique, tant en Turquie quâen Belgique. Pour toutes ces raisons nous avons donc pensé, Celil Gündoğdu et moi, que nous pourrions initier ensemble une série dâarticles destinés à apporter un éclairage nouveau, celui dâun belge de « souche », sur des questions intéressant directement la Turquie et les Turcs de Belgique. Mais avant dâentamer cette chronique, il me faut remonter au milieu des années 80 pour vous expliquer lâorigine de ma passion pour la langue turque. Câest en effet à cette époque que jâai effectué mes premiers voyages en Turquie. La première fois, je dois bien avouer que je suis arrivé en Turquie un peu par hasard, comme simple touriste. Je ne savais rien de ce pays, si ce nâest quâil avait été le berceau de nombreuses civilisations, quâil était un trait dâunion entre lâEurope et lâAsie et quâil avait été le centre dâun des empires les plus puissants du monde qui avait fait trembler lâEurope pendant 5 siècles, lâempire ottomanâ¦.. Pouvais-je savoir en effet que la langue incompréhensible que je voyais sur les panneaux de signalisation routière allait changer ma vie de fond en comble et conduire mes pas, 15 ans plus tard, jusque dans les montagnes célestes du Kirghistan ? Mais jâanticipeâ¦. Quelle ne fut pas mon émerveillement quand à lââge de 17 ans, après avoir traversé toute lâEurope et être entré en Turquie par Kapıkule, je découvris Istanbul, Sainte-Sophie, la corne dâor, le bosphoreâ¦. Je découvris alors que non seulement la Turquie regorgeait de beautés architecturales et culturelles mais quâelle était aussi riche de ses habitants, de leur gentillesse et de leur hospitalité. Bref ce fut le coup de foudre et je retournai en Turquie lâannée suivante et encore lâannée dâaprès. Edirne, Istanbul, Bolu, Ãanakkale, Izmir, Ankara, Kayseri, le Nemrut Dağı, Adana, Anamur, les sites hittites de Yozgat⦠je sillonnais le pays de part en part, multipliant les rencontres, approfondissant mes connaissances, engrangeant les souvenirs. Vous parlerai-je du lac dâAbant et de lâhospitalité de ses habitants qui nous ont invité à partager leur repas autour dâun feu alors que la nuit tombait et que les chiens aboyaient dans le lointain ? Sensation qui me ramène 15 ans plus tard, lorsque jâai séjourné chez les bergers kirghizes du lac Song Göl à 3000 mètres dâaltitudeâ¦.sentiment de liberté infinie, de retour à une vie primordiale, essentielleâ¦le repas, les hommes, la nature. Vous parlerai-je dâEminönü et de son agitation incessante, frénétique ou du spectacle du Bosphore, cette rivière aux dimensions dâun continent, dont lâécoulement ininterrompu nous ramène aux questions essentielles ? Ou évoquerai-je le charme passéiste du café de Pierre Loti qui surplombe la mosquée dâEyüp ? Les années qui suivirent, je nâeus plus lâoccasion de retourner en Turquie, à part un bref séjour à Istanbul dans les années 90. Cependant, en profondeur, jâétais toujours habité par la même passion. Câest ainsi quâen 2000, jâai franchi le pas et me suis inscrit à des cours de turc. Jâai aussi commencé à fréquenter assidûment le quartier turc de Bruxelles et à découvrir la communauté turque de Belgique pour laquelle je travaille actuellement. Ayant obtenu une bourse pour perfectionner ma connaissance de la langue turque, je suis parti un an à lâuniversité de Hacettepe à Ankara. Malgré les conditions qui nâétaient pas toujours évidentes, jâétais heureux car nous avions tous les jours 4 heures de cours de turc. Dans mon groupe, il y avait des Azéris, des Tchétchènes, des Iraniens et une Coréenne. Bref, câétait une bonne école de connaissance des autres et dâouverture⦠logeant sur le campus, je participais aussi activement à la vie de lâuniversité... Puis câest aussi à cette époque que je fis la connaissance dâun de mes meilleurs amis, Nizamettin Kasap, professeur de littérature française à Hacettepe (Nizamettin Kasap a travaillé, sous le patronage du ministre Emir Kir, à la publication du recueil de poésie du poète Yoksul Derviş). Tous les dimanches, nous nous réunissions, mes amis et moi, dans un petit café de Kurtuluş, chez Nazar, pour discuter, jouer aux cartes, suivre les matchs du championnat. Câétait lâépoque où Lucescu était encore à Beşiktaş et Van Hoejdonk à Fenerâ¦câest là aussi que, je dois lâavouer, pour la première fois, jâai parié sur les courses de chevaux. Je me souviens aussi des soirées passées à écouter mes amis jouer du saz, dans les nuits glacées dâAnkara. Et bien sûr, avec le retour du beau temps, le retour du mangal⦠Tout ça pour vous expliquer lâhistoire et les origines de ma passion pour la langue et la culture turques. Cette passion, jâentends bien la développer et la mener à son terme. Jâespère également, chères lectrices et chers lecteurs, la partager avec vous au fil de ma chronique et de mes différents articles dans lesquels je vous parlerai de la langue et de lâhistoire turques, mais également de sujets dâactualité intéressant tant la Belgique que la Turquie. Pierre Bastin